Adam Andrews - Une nouvelle vie pour un nouvel homme

Une nouvelle vie. Voilà ce qui m’attend à Seattle. Je ne connais pas du tout la ville, et à vrai dire c’est assez rafraichissant, ça me donne l’occasion de découvrir de nouveaux lieux, de nouvelles places, et la vie a l’air plutôt sympathique. Même si je commence tout juste à prendre mes marques. Un nouveau départ n’est-ce pas ? La première fois que je suis venu ici, c’était il y a 6 mois de cela, alors que ma grand-mère venait de mourir. Elle habitait ici, à Seattle, mais je ne l’ai jamais rencontré, elle et mes parents ne s’entendaient pas, enfin c’est surtout mon père qui ne l’aimait pas. Et sur ce dernier point, je comprends qu’elle ne l’aimait pas non plus. On est venu ici pour son enterrement, et j’ai été surpris de découvrir qu’elle était plutôt respectée dans la communauté locale, dans son quartier. Elle avait une petite maison et tous ses voisins la connaissaient. Elle s’occupait des enfants de ceux qui travaillaient tard le soir, offrait volontiers ses services pour recoudre un vieux pantalon ou pour dépanner une cuisinière en manque d’oeufs. On raconte même qu’elle était une excellente cuisinière, reconnu pour sa tourte à la viande. Mais je n’en ai jamais goûté. Mes parents étaient très silencieux à son sujet. Pour mon père, c’était une vieille folle qui n’avait pas une bonne influence, mais les funérailles m’avaient montré une autre image d’elle. Qui aurait imaginé que quelques mois plus tard j’allais emménager dans son ancienne maison…

La mort de ma grand-mère ne m’a touché plus que ça, après tout, je ne la connaissais pas, je ne connaissais que ma granny, du côté de mon père, elle me faisait souvent du gâteau au chocolat étant enfant, mais elle était décédée quand j’avais 12 ans, me faisant prendre conscience du poids de la mort dans la vie des hommes. On lui avait diagnostiqué un cancer du pancréas. Stade 4. Fulgurant. Ma mère se plaisait à raconter à ses amis que j’étais devenu infirmier suite à cette histoire, et au fond elle a peut-être raison. Enfant, comme tous les gamins, j’avais voulu être pompier ou policier, mais vers l’adolescence, je me suis intéressé aux études scientifiques. J’avais travaillé dur et j’avais réussi, après le lycée, à suivre une formation paramédicale pour devenir infirmier. J’aurai bien aimé devenir médecin, mais les études coûtaient extrêmement chères et mes parents n’avaient pas les moyens, et refusaient que je contracte un emprunt pour ces études. J’étais donc devenu infirmier. A Madison, ma ville natale, je travaillais dans une maison de retraite médicalisée, et les résidents adoraient ma compagnie, les mamies me trouvaient gentils et voulaient toutes me présenter leur petite-fille. Je leur répondais avec un sourire, car au fond je savais bien que c’était impossible, ma préférence allant aux garçons. Une préférence mal vue dans ma famille, je l’ai toujours caché à mes parents, lassé des remarques homophobes de mon père sur certaines émissions de téléréalité mettant en avant des hommes comme moi. Je prenais sur moi, je n’avais pas le choix. J’étais habitué à garder mes sentiments pour moi, alors ce n’était pas la mort d’une grand-mère que je ne connaissais pas qui allait m’affecter. Pourtant, mon comportement changea rapidement suite à ce décès. Pour une raison inexpliquée, je me suis mis à avoir des migraines. Et surtout je ressentais les choses. J’avais toujours su repérer le mal-être de mes patients, mais c’était soudain devenu plus aigu. Comme si je ressentais vraiment leurs émotions, leurs peines, leurs douleurs. Un soir, quelque chose de très étrange arriva. J’étais dans le canapé en train de me reposer les yeux, et je rêvais d’une eau bien fraiche, mais bien sûr il faisait chaud et j’avais oublié de mettre de l’eau au frais. Pourtant, en prenant mon verre, je me suis aperçu que l’eau venait de se changer en glace. Le phénomène a d’abord commencé de façon sporadique, avec quelques incidents par-ci par-là, et j’ai commencé à me renseigner sur internet. Je ne croyais pas particulièrement à la sorcellerie, j’étais plutôt cartésien, mais je commençais à me poser des questions. Les sorcières pour moi c’était Sabrina l’apprentie sorcière, Harry Potter ou Ma sorcière bien-aimée. Il était dit sur internet qu’il fallait avoir quelqu’un de sa famille possédant des pouvoirs pour en avoir soi-même. Mais à ma connaissance personne n’était sorcier dans ma famille. Est-ce que j’étais en train d’halluciner ? Une tumeur au cerveau me donnait-il des hallucinations ? Pourtant, avec le temps je commençais à maîtriser ce « miracle ». Je devenais capable de transformer l’eau en glace à volonté. Voir même de recouvrir une surface de givre. En fouillant dans un vieux tiroir, je suis tombé sur une lettre de ma grand-mère pour ma mère, et les mots que j’y ai lu étaient incroyables ! Elle y racontait qu’elle aurait aimé voir son petit-fils, car j’étais comme elle d’après ce que les étoiles lui avaient dit (je n’ai pas compris tout de suite de quoi elle parlait). J’ai donc questionné ma mère. Et elle m’a raconté que sa mère était une guérisseuse, elle fabriquait des baumes et récitait des formules parfois. « Des trucs de vieille folle » comme diraient mon père. Le mystère était résolu.

Cette découverte de mes pouvoirs magiques remontait maintenant à un peu moins de 6 mois. La découverte de la vérité elle était plus récente. Il y a un mois, quand le notaire nous a contacté pour l’héritage de ma grand-mère, j’ai appris qu’elle m’avait léguée sa maison et tout ce qu’il y avait dedans. C’est là que j’ai pris ma décision : au revoir Madison et bonjour Seattle. Cela doit faire 3 semaines que je suis arrivé en ville : les cartons ne sont pas encore tous défaits car j’ai rapidement trouvé un travail dans l’hôpital du coin, aux urgences, et on peut dire que je n’ai pas vu le temps passer. Surtout que désormais, mon éducation à la magie commence vraiment…